mardi 18 mars 2008

Shadowplay



« [...] Je photographie le privilège, l'évanescence, l'improbable ou la beauté. J'y cherche l'émotion et la quête en est d'autant plus désespérante. Souvent j'envie ceux qui savent photographier la vie. Moi je la fuis. Je pars de rien. Je ne témoigne de rien. J'invente une histoire que je ne raconte pas, j'imagine une situation qui n'existe pas. Je crée un lieu ou j'en efface un autre, je déplace la lumière, je déréalise et puis j'essaie. Je guette ce que je n'ai pas prévu, j'attends de reconnaitre ce que j'ai oublié. Je défais ce que je construis, j'espère le hasard et je souhaite plus que tout être touchée en même temps que je vise. »
Sarah Moon, extrait de la série Contacts (Arte Vidéo, 2004)

mercredi 12 mars 2008

La Magie Grise du Quotidien


« Ce qui prend naissance avec le motel, c'est la construction industrielle de la quotidienneté, la mainmise de la consommation de masse sur tous les aspects familiers de la vie. Depuis près de cent ans, la critique de la société a cherché à contrecarrer ce mouvement de simplification uniformisatrice de l'existence en dénonçant ses effets mécaniques. Mais ce qui émerge dans l'élaboration de nouveaux objets et lieux quotidiens, c'est également la libération d'une certaine puissance préréflexive de contournement appartenant aux diverses formes de vie humaines, lesquelles parviennent, malgré tout, à combiner des semblants d'existence à partir des éléments uniformes et fragmentaires que l'univers marchand leur fournit. Si commun soit le lieu, il laisse sans cesse place à des appropriations originales qui, bien souvent, doivent prendre la forme délictueuse de la violation, pour pouvoir s'arracher à la gangue des règles coutumières de la quotidienneté aliénée. »

Bruce Bégout
, Lieu commun. Le motel américain (2003).