samedi 28 mai 2011


dimanche 22 mai 2011

Prolongements oniriques

« [...] pour distinguer sérieusement deux lieux réels, ne faut-il pas d'abord chercher ce qui les distingue imaginairement, se demander de quels prolongements oniriques ils sont capables. [...] la mise à nu des essences urbaines constitue plutôt une lecture. Les lieux ne se refusent pas à la gloire de l'apparaître [...] ils aiment redoubler, en quelques foyers, le sens de leur expressivité. En conséquence notre travail se rapprochera tantôt d'une poétique tantôt d'une phénoménologie de l'espace urbain. [...] La ville s'offre comme une totalité que nous n'abordons que par des perspectives. Nous n'avons pas à opposer la perspective de la ville et la ville elle-même. Il est bien entendu que la ville se livre à travers la perspective, tout comme ce regard sur la table nous donne la table elle-même et non un fragment de table auquel je devrais ajouter d'autres fragments. Mais il faut que nous emboîtions les perspectives les unes aux autres, selon un ordre réussi. Il est donc des emboîtements plus ou moins parfaits, en un mot, des trajets qui, parfois, nous livrent, avec bonheur, la meilleure prise de la ville [...]. »

Pierre Sansot, Poétique de la ville (1973).

jeudi 12 mai 2011






« Le promeneur est un expert de l'attention flottante, un amoureux des apparences. Sans but précis, il laisse venir à lui, au gré du hasard, des images — détails, fragments, vision panoramique — qui l'entrainent à la rêverie, donnent à sa pensée des résonances imprévues. Il rêve et pense en même temps, dans un tressage des deux, qui n'est pas l'un des moindres charmes de la promenade. [...] la vraie promenade est solitaire. Non en tant que parenthèse de solitude dans une existence ancrée dans la société, mais en tant que prise de conscience d'un état de solitude chronique, irrémédiable. »

Chantal Thomas, Comment supporter sa liberté (1998).