samedi 17 septembre 2011

« Mon rapport à la réalité n'est pas neutre. Il est entièrement pétri [...] d'images. Si certains lieux m'attirent, c'est qu'ils me semblent correspondre à mon imaginaire, comme si la réalité n'était que la projection extérieure d'une angoisse qui est en moi et qui fait que je me sens heureux là où précisément les autres se sentent mal à l'aise. Toutes ces images de la ville sont fantasmatiques. Elles sont tissées de rêves et d’angoisses, de désirs et de répulsions que je ne parviens pas à traduire en clair. […] En laissant soupçonner certains aspects de cet imaginaire, je tente de prendre l’autre au piège de ma propre fascination, en espérant qu’il y succombera lui-même.
[…] La ville et la vie – un décor derrière lequel il n'y a rien sinon moi-même qui ne cesse d'errer à travers ces images qui s'envolent comme des oiseaux blancs ou qui tombent en poussière dès que je veux les saisir. Pourtant elles reviennent à chaque instant et se superposent à la réalité, de telle sorte que je ne saurai jamais si ce que je décris existe ou si je l'ai inventé. »

Jean-Michel Palmier, Retour à Berlin (1989).